La perte des sens...
Suis-je atteint de la COVID-19 ? Ils ne cessent de nous dire que la maladie se caractérise par la perte du goût et de l’odorat. N’est-ce pas ce qui commence à me toucher ? Je n’ai effectivement plus le goût. Plus le goût de regarder les premières photos de ces 24 Heures. Il ne me vient pas. Agueusie. Je suis touché.
La perte de l’odorat s’annonce aussi. Non, je ne respirerai pas les effluves sarthoises ce week-end. Pas d’odeur de pins vers Arnage, pas d’effluves de merguez cramée, pas d’odeur de la piste, pas d’odeur des stands. Anosmie. Je suis touché.
A tout ceux qui m’en parlent depuis des mois en voyant grossir le phénomène COVID, je dis que s’il y a une année où je peux accepter de louper Le Mans, c’est bien en 2020. Le plateau n’est que l’ombre de lui-même et ne propose que des redites des deux dernières années. Avec des trous dans la raquette en plus ! Donc ça ne devrait pas être si douloureux de les louper ces 24 Heures. Et pourtant… Pourtant, plus la date approche, pire c’est. Mon mur Facebook commence à être constellé de photos des stands. Je détourne presque la tête. Je ne vais plus sur Endurance-Info. J’ai vu que les deux Porsche avaient une décoration spéciale pour cette édition, je n’ai pas cliqué. Impossible. Je n’ouvre plus mes mails…
Non Gilles, non Gaël, non Laurent-Frédéric, je pense que je ne vous écouterai pas ce week-end commenter cette course pour Eurosport et France TV. Ça risque d’être trop pénible. J’espère qu’en dernière minute, la passion reprendra le dessus mais rien ne m’en assure.
On peut pourtant se demander s’il n’y avait pas d’autre solution. Les clusters ne naissent pas dans les lieux extérieurs et pourtant on vide les stades jusqu’au ridicule… Il suffisait peut-être de condamner les tunnels ou la promiscuité pouvait être réelle et nous aurions pu être là, vous, moi. De toute façon, une épreuve automnale aurait déjà naturellement attiré beaucoup moins de monde. De plus, les étrangers auraient eu beaucoup de mal à se déplacer, les anglais notamment ne seraient pas venus, quarantaine oblige.
L’absence de Ford, BMW et Corvette aurait encore contribué à une large diminution de la fréquentation en 2020. Les tribunes et les enceintes populaires nous auraient de toute façon semblé vides cette année même en admettant tous ceux qui pouvaient venir. On aurait même pu imposer le port du masque. Même si rien ne prouve son efficacité en extérieur. Même certains des médecins les plus prudents en conviennent. Mais tous ces arguments n’ont pas suffi à permettre la présence du public condamnant l’immense majorité d’entre nous à suivre la course à distance. Je n’ai pas la science infuse mais ces décisions qui viennent de la sphère politique me paraissent découler d’un principe de précaution surdimensionné. Qui sous prétexte de préserver la vie nous prive de vivre…
Comme beaucoup d’entre vous, je vais devoir me contenter d’un écran plat. Plat. Voilà bien le problème. Ça sera plat. Pas pour tous, pas pour tout le monde, pas pour ceux qui habituellement se contentent de la télé. Comme je le fais moi-même pour la F1 ou les GP motos. Mais pour nous, les fans purs et durs, trop habitués à nous immerger sur place dans ce spectacle sons et lumières, nous manquerons par trop de sens. Le seul spectacle sportif ne suffira pas. Le Mans n’est pas qu’une course, tant s’en faut… Les séances photos derrière le rail me manqueront. Les souffles des voitures me manqueront. Ces flammes au rétrogradage, ces pneus bloqués au freinage, ces dépassements à la limite me manqueront.
Mais bien évidemment, ce sont avant tout les potes qui me manqueront. Ces discussions passionnées sur l’avenir de l’épreuve me manqueront. Ces désaccords sur le passé de la course me manqueront. Ces partages sur les décos du millésime me manqueront. Les éclats de rire me manqueront. Oui, c'est certain, mes potes me manqueront. Pourtant, nous avons déjà été tellement privés les uns des autres cette année… Tout ça, l’écran plat ne me le rendra pas. Il n’a pas ce pouvoir… Et ce quels que soient les efforts à saluer de la part de l’ACO pour nous permettre de vivre tout cela au mieux !
Non, vraiment, ces 24 Heures 2020, je ne parviens pas à en avoir le goût. Le mal est profond car je commence à trembler. Neuf mois seulement nous séparent des 24 Heures 2021. Neuf mois seulement pour que le monde politique accepte enfin de nous laisser vivre malgré le virus. Neuf mois seulement pour nous rendre notre liberté. J’en tremble… Pour moi, pour ma passion, pour ma santé mentale. Mais aussi pour nos 24 Heures...
Laurent Chauveau
Heureusement mon Lolo que tu n’as pas été atteint par ce satané virus !
Des 24 heures, il y en aura encore et je te souhaite d’y retrouver tout ton goût et ton odorat des « belles machines de l »endurance ».
Bravo pour ce magnifique lifting de ton site 86400 qui donne encore plus envie de voyager avec toi dans le monde de « Le Mans ».
Continues à nous faire vibrer avec tes photos, tes vidéos, tes articles et tes commentaires si précis, documentés et riches en données de tous types que nous dévorons avec passion.
Mille excuses de t’avoir donner ce satané virus de l’endurance.