Ah ben non, désolé...

2008, le Castellet : l'échange Loeb-Sarrazin !

C'est l'histoire d'une journée de fous, le 27 novembre 2008. Pourtant, c'était avant tout une journée de comm'. Pas forcément les moments que l'on préfère dans le monde journalistique. Mais être invité à voir Sébastien Loeb et Stéphane Sarrazin échanger leurs montures respectives de l'époque, ça ne se refusait pas... On m'avait donc demandé de me présenter à Roissy vers 7H du matin afin d'être amené en avion jusqu'au Castellet pour assister à cette journée où le déjà quintuple Champion du Monde des Rallyes échangeait sa C4 WRC avec la 908 du Champion Le Mans Series 2007. Mais petit problème, une mésentente entre Peugeot Sport et la compagnie privée fait que l'avion prévu n'est pas prêt à la bonne heure. Une solution est trouvée avec un Airbus A319 privé mais le planning prend une heure dans la vue.

Nous décollons et alors que nous approchons de la magnifique Sainte Beaume qui borde le circuit et l'aéroport du Castellet, le commandant prend son micro : "Mesdames, messieurs, la piste du Castellet n'est pas réellement prévue pour accueillir un avion tel que l'A319 donc la descente va être rapide et l'atterrissage musclé !" Je vais bien, tout va bien. Je ne vois pas pourquoi, pourquoi ça n'irait pas !... Effectivement, nous descendons fort, les ceintures sont serrées, bien serrées et... PAAAAMMMM, Woufffff, PAAAAMMMMM !!!! Nous avons tapé le tarmac avec violence, rebondit puis retapé quasi aussi violemment ! Puis, debout sur les freins !!! L'appareil s'immobilise. Je commence à discuter avec tous les journalistes pros autour de moi, plus habitués aux voyages aériens, pour leur demander s'ils ont déjà vécu celà. La réponse est unanime : Non... Le commandant reprend alors le micro : "Mesdames et messieurs, l'appontage au Castellet est réussi !" Eclats de rires dans l'avion...

Dès lors, c'est la course. Le timing a été chamboulé de par le retard. Des bus nous emmènent au circuit ou je découvre qu'une autre 908 réalise une simulation longue distance au même moment avec les pilotes titulaires du programme... Il y aura donc dans quelques minutes, deux 908 roulant au même moment. J'ai vraiment bien fait de venir... Du fait des problèmes d'horaire, au lieu de 4 séries de 5 tours dans la 908, dont deux aux côtés de Stéphane en tant que pilote, Sébastien Loeb n'en effectuera que deux de 8 tours. Va falloir jouer serrer pour assurer les photos. C'est alors qu'on nous propose de prendre des photos depuis l'hélicoptère. Bizarrement, je suis l'un des seuls volontaires avec l'un des vidéastes de Peugeot Sport. En fait, les photographes pros veulent vendre des photos donc on doit voir que Loeb est dans la voiture. Moi, je n'en ai pas réellement besoin. Je dois juste alimenter Endurance-Info et des photos d'hélico, c'est juste totalement inédit pour nous. Donc c'est un grand oui ! On nous laisse toutefois assister à la mise en place, alambiquée des deux pilotes dans la 908 grise ce qui me permet d'avoir des gros plans au milieu de la mêlée, moi qui adore me battre pour un cliché... Puis, à peine la 908 est-elle partie que je file de nouveau vers un minibus et on retourne à l'aéroport. Là nous attend un pilote d'hélico qui gentiment nous prévient : "Suivre une voiture de course, c'est coton. Je vous préviens, va y avoir du sport !" On laisse la porte coulissante de l'appareil ouverte, on me harnache à l'appareil ainsi que le vidéaste et c'est parti !

On nous autorise le survol de la piste à 100m de mémoire, pas moins. Donc c'est avec mon 100-300 F4 Sigma que je vais devoir shooter. J'ai 10 minutes, pas une de plus pour assurer mes photos. Mais je n'ai jamais fait ça de ma vie et je vous assure que ce n'est pas simple. Je vais de découverte en découverte. La première ? Tenter de suivre un objet mobile au viseur depuis un autre objet mobile qui n'a pas les mêmes trajectoires. La deuxième ? Le côté sportif. Le pilote nous avait pourtant prévenu. Mais la première qu'il a violemment balancé l'hélico à 45° pour tourner, ça m'a fait une sacrée émotion. N'oubliez pas que j'ai les jambes dans le vide... La troisième, des détails tout cons. Mon 100-300 est un objectif assez long et dès que je sors un tout petit peu trop le buste de l'hélico, le bout du zoom prend soudainement le vent et je perds le cadrage de la 908 ! Le début est une catastrophe et je me demande si je n'ai pas fait une connerie. L'hélico n'a pas du tout les mêmes trajectoires que les voitures donc je perds sans cesse les voitures de vue et à chaque fois que je parviens enfin à les cadrer, soit je prends le fameux coup de vent qui me décentre, soit l'hélico bascule sans prévenir et c'est mort. Mes premières photos sont catastrophiques. Mais une fois compris tous les petits pièges, je finis pas réussir à enquiller quelques photos correctes en fin de vol.

Au fait... Je prends un pied pas possible ! Inutile de vous dire que je n'avais jamais fait d'hélico de ma vie et le faire dans ces conditions, c'est juste un privilège dingue... Soudain, le pilote délaisse le circuit et rejoint l'aéroport. C'est fini... Et c'est là que au milieu de la banane qui barre mon visage, je découvre qu'en fait, j'ai chopé un bon mal de mer en 10 minutes ! 10 minutes l'œil dans le viseur et sans jamais savoir dans quel sens ni quand j'allais être secoué, pas très étonnant. On se pose, je laisse ma place à un autre volontaire. L'hélico redécolle et nous revenons au circuit. J'aurai peut-être le temps de shooter la 908 en bord de piste... Mais en fait, ben non.... Plus rien ne bouge. Je ne me souviens plus pourquoi mais la séance est interrompue ! Je serai donc, je pense, le seul photographe à a voir shooté Sébastien Loeb depuis l'hélico ! Retour donc dans les stands ou j'assiste aux échanges entre les deux pilotes après leur partage du cockpit... Puis c'est le shooting comm' autour des deux voitures avec les deux pilotes. Shooting auquel se joindra soudainement et malicieusement Pedro Lamy présent pour le test longue distance sur l'autre 908...

Après la collation du midi, retour à l'action. On nous emmène dans la garigue provençale à quelques pas du circuit sur une piste de test en terre régulièrement utilisée par Citroën pour la mise au point des WRC. Et l'on recommence la procédure du matin. C'est tout d'abord Sébastien qui prend le volant avec Stéphane à ses côtés. Puis Stéphane prend le volant de la C4-WRC à son tour, lui qui est Champion de France des rallyes 2004 et qui, ne l'oublions pas, a été pilote officiel Subaru en WRC les deux années suivantes. Donc il connait un peu la tambouille ! En tout cas, pour moi, c'est l'occasion de faire des photos auxquelles je ne suis pas habitué et l'exercice est vraiment plaisant. Et moins déroutant que l'hélico ! Une leçon toutefois, il ne faut pas oublier, une fois la voiture passée, de se retourner rapidement pour protéger l'objectif des projections de cailloux ! Ainsi que ses propres yeux... Non, rien de fâcheux ne m'est arrivé :)

Il était alors temps de rentrer à Paris avec le bon avion cette fois, donc le voyage retour fut sans histoire. Pas grave, j'avais déjà eu ma dose de très fortes émotions ! Et je vous propose de revivre tout cela en photos !

Laurent Chauveau

Leave a comment